Les ultrasons focalisés
Le traitement focal du cancer de la prostate par HIFU
Un million de cancers de la prostate sont détectés dans le monde chaque année, dont 400.000 en Europe et 75.000 en France.
Le diagnostic de la maladie se fait principalement au stade localisé, c’est-à-dire sans extension du cancer au-delà de la capsule prostatique, ni atteinte ganglionnaire ou métastase à distance, grâce à un dépistage précoce. La mortalité s’en trouve diminuée et la survie spécifique d’un cancer localisé de la prostate à 5 ans est évaluée actuellement à 88.9%.
Un traitement innovant
Avec l’amélioration de l’IRM, des appareils de traitement HIFU et avec l’apparition des biopsies ciblées, il est désormais possible de réaliser un traitement focal dans le cadre de deux protocoles d’étude spécifiques disponibles à l’hôpital Pasteur qui compte parmi les 10 centres français retenus. Ces deux études sont en France les deux seules qui permettent de proposer à nos patients ces traitements innovants focaux de l’adénocarcinome prostatique localisé visible en IRM.
Ces deux études prospectives multicentriques randomisées françaises s’adressent à des patients dont l’âge est compris entre 50 et 80 ans qui présentent un cancer de la prostate de risque faible ou intermédiaire. Le traitement consistera en un HIFU focal avec évaluation des résultats fonctionnels et carcinologiques.
L’objectif est d’apporter une réponse personnalisée à chaque patient dans le respect de leur qualité de vie et de proposer un traitement moins invasif avec la destruction ciblée du foyer cancéreux. Cela entraine une diminution de la morbidité qui reste élevée avec les traitements standard, avec des taux d’incontinence urinaire d’effort incompressibles de 4 à 15 % et de dysfonction érectile de 30 à 60 %.
- Nous pouvons ainsi proposer à tous nos patients éligibles un traitement innovant focalisé et personnalisé par HIFU.
Le principe des ultra-sons
Les cancers de la prostate sont classés en trois grands groupes en fonction de leur risque de rechute après un traitement curatif. Les facteurs à prendre en compte pour constituer ces groupes comprennent les données de l’examen clinique (toucher rectal), le taux de PSA, les données histologiques de la biopsie (score de Gleason et proportion de tissu tumoral envahissant les biopsies), et de plus en plus les données de l’IRM multi-paramétrique (score PIRAD).
Les traitements focaux s’adressent aux cancers localisés de la prostate de risque faible ou intermédiaire et constituent une alternative récente et en cours d’évaluation aux traitements radicaux et à la surveillance active. Des données préliminaires de traitement partiels par hémi-ablation sont très encourageantes (hémi-HFU par exemple).
L’objectif de ces traitements ciblés (« focaux ») est le contrôle local durable de la maladie cancéreuse, en évitant les effets secondaires associés aux traitements radicaux standards.
Le principe en est une destruction du ou des foyers cancéreux présents dans la glande en préservant au maximum le tissu prostatique sain (au minimum 40%) et les structures sensibles péri-prostatiques (vessie, rectum, sphincter strié et bandelettes vasculo-nerveuses).
La technologie qui permet ce type de traitement est basée sur l’utilisation d’ultra-sons de haute intensité. L’appareil français Focal One (Edap TMS) consiste à émettre des ultra-sons focalisés c’est-à-dire concentrés sur un point focal par l’intermédiaire d’un transducteur de thérapie placé dans le rectum. Ce dernier est associé à une sonde échographique qui permet le repérage tridimensionnel de la prostate.
L’effet de ces ultra-sons est une destruction tissulaire immédiate qui résulte d’abord d’une nécrose de coagulation par absorption tissulaire d’énergie, mais également d’un phénomène de cavitation et d’une accumulation thermique importante (élévation de la température au point de tir entre 80 et 100°C).
L’appareil Focal One que nous utilisons a été spécialement conçu pour le traitement focal du cancer la prostate, la précision du traitement étant de l’ordre de quelques millimètres. (Le traitement complet ou partiel de la prostate peut être effectué dans d’autres indications).
Il nous offre la possibilité de :
- Visualiser la cible tumorale grâce à un mécanisme de fusion élastique (ou superposition informatique de réalité augmentée) entre les images IRM et les images échographiques visualisées en temps réel au moment de l’intervention
- Détruire la cible de façon précise grâce à un transducteur à focalisation dynamique dont la focale varie électroniquement
- Contrôler en per-opératoire la nécrose effective de la cible par échographie de contraste.
Ce traitement par HIFU ne fait pas appel aux radiations ionisantes et peut donc être répété au besoin.
Les risques spécifiques d’un tel traitement sont représentés par la rétention urinaire (0-17%), la sténose de l’urètre (0-5%), l’infection urinaire (0-17%) selon les études.
Les bases de la thérapie focale font l’objet de consensus et on estime actuellement que 20% des cancers localisés de la prostate pourraient être traités de façon focale soit en traitant la totalité du lobe pathologique (stratégie d’hémi-ablation), soit en ciblant uniquement la tumeur.
Chez des patients bien sélectionnés, ce traitement devrait permettre d’obtenir un très faible taux de complications génito-urinaires associé à un taux encourageant de patients sans cancer résiduel, leur évitant un recours aux traitements radicaux. Les résultats ne sont néanmoins connus qu’à court terme (12-24 mois) et nécessitent d’être confortés par des études statistiquement solides, comparatives et randomisées de grande ampleur.
